Par un beau dimanche du mois de mars, nous décidons de reprendre le Scarabée dans le Dévoluy. L’hiver est passé, l’accès pédestre est bien dégagé. Ni raquettes ni ski de rando ne sont nécessaires.
De plus, de deux en février, nous venons cette fois-ci à cinq !
Mais, l’entrée nous résiste encore ! Un beau bouchon de neige, puis de glace bouche l’accès du chourum.
Incroyable, nous pique-niquons sous le soleil à côté de cette entrée, encore recouverte d’un manteau neigeux !
Une fois de plus, nous redescendons sans avoir utilisé le matériel de spéléo. Profitant du beau temps, nous changeons de sentier et redécouvrons un autre chourum marqué et exploré dans le secteur. Celui-ci n’est pas complètement bouché par un tas de neige, mais il ne mène pas bien loin…
Prochaine sortie au Scarabée entre 14 juillet et 15 août, non ?
Remarque : située dans la réserve des gorges de l’Ardèche, l’accès et la plongée dans la source du platane sont soumis à une réglementation stricte. Il est impératif de déposer une demande auprès du syndicat de gestion des gorges de l’Ardèche. Par mesure de protection d’une faune aviaire particulièrement fragile, l’autorisation ne peut être donnée que pour la période d’octobre à avril.
Samedi 7 janvier 2017
Départ matinal, -10 degrés, avec François depuis la Saulce à 7h00 et une petite pause café à Bourg-Saint-Andéol. Dans la vallée du Rhône, le vent est particulièrement fort. Au rendez-vous de dix heures dans le virage de la combe … tout le monde est à l’heure, même ceux que nous n’attendions pas. Une vingtaine de chasseurs font une battue dans la combe d’Agrimont, sous la route. C’est ballot, c’est notre chemin d’accès à la source. Renseignements pris, ils n’étaient pas venus là depuis quatre ans. Nous n’avons vraiment pas de chance. Les chasseurs sont plutôt cools et nous conseillent de mettre les gilets jaunes des voitures. Nous le ferons sans protestation… Au passage, nous nous faisons avoir traité de fous lorsqu’ils apprennent que nous descendons plonger. Il faut dire que le temps n’est guère encourageant : froid glacial, vent terrible. Nous avons vraiment choisi notre jour.
Ambiance chasse hivernale… (photo : François Parrini)
Sacs sur le dos, nous suivons Didier à la recherche du sentier qu’empruntaient les charbonniers pour rejoindre les bords de l’Ardèche. La chose n’est pas aisée. Depuis plusieurs années sans passage, la végétation a recouvert une bonne partie du sentier. Les sangliers, en remuant les sous-bois ont fini d’effacer toute trace. C’est fou ce que ces bestioles peuvent modifier profondément la géographie d’un secteur. Ils sont presque pires que les humains. Après quelques hésitations, notre guide nous amène à bon port ou plutôt à bonne rive. Nous aurons eu besoin de quelques mètres de corde pour descendre les derniers mètres. Une fois dans le lit de la rivière, nous nous rendons immédiatement compte que ce ne sera pas une journée plage. Le vent, en s’engouffrant dans le canyon de l’Ardèche est encore plus fort que sur le plateau, et le froid n’en est que plus perceptible. C’est dans ces conditions que je quitte mes habits sous les yeux médusés de mes collègues pour enfiler la combinaison néoprène. Pour une première prise de contact, j’ai prévu léger donc combinaison humide, petit recycleur et bouteilles de redondance. Avec de l’air j’envisage ma limite à trente mètres de profondeur s’il n’y a pas trop de travail à faire pour ouvrir l’entrée et réparer le fil d’Ariane. Le temps d’équipement étant proportionnel à la température ambiante, je suis très rapidement dans l’eau. L’entrée, en laminoir, ne semble pas obstruée, au contraire, la roche est nue. Seule une fine pellicule très glissante de vase recouvre le sol. En déstructuré, je me faufile facilement à la recherche du fil en place trois mètres plus loin. Je trouve bien un amarrage au plafond mais il ne reste que le caouech. Dès que je dépasse la limite de la lumière naturelle, des gros poissons blancs type chevaines viennent au contact s’enquérir des raisons de ma présence. J’ai beau leur préciser que je ne faisais que passer, ils insistent. Certains sont presque familiers. Je les repousse du gant, toujours à la recherche du fil. Après avoir déroulé dix ou vingt mètres de fil, un puits bien rond d’un mètre cinquante de diamètre s’ouvre devant moi. La turbidité ne me permet pas de voir très loin. En me laissant tomber comme une feuille morte, je sens une eau beaucoup plus chaude que celle de l’Ardèche. Sa couleur est aussi plus jaune. Je découvre une plaquette vide qui devait servir pour fixer les bouteilles de décompression. Juste en dessous, je trouve une petite pelote de fil sur un amarrage. Les crues ont dû l’embobiner là. Après quelques franches tractions tests, la suite du fil me paraît suffisamment correcte pour poser mon petit touret d’entrée. Je garde le gros pour les éventuelles réparations futures. A chaque pose, un nuage d’argile rend opaque la zone. Le sol continue à s’enfoncer rapidement contrairement au plafond ce qui forme un méandre de belles dimensions. Sur les côtés, des banquettes d’argiles épaisses n’invitent pas le plongeur à s’approcher. Au fond, la roche est dégagée et forme une succession de marmites peu profondes pleines de poissons au dos noir qui jouent à saute-poissons. Au milieu, une belle anguille passe d’un groupe à l’autre puis me passe derrière sans modifier son allure. Je continue à avancer doucement en prenant un maximum d’information sur la galerie. Les talus d’argile ont laissé la place à des banquettes rocheuses alors que le sol descend encore d’un étage. En suivant la banquette de gauche, celle où le fil est posé, je vois ma copine l’anguille me dépasser en passant sous moi. Elle n’est vraiment pas inquiète. A se demander si elle n’attend pas tout simplement son futur repas ?
Un petit contrôle des paramètres me prévient que je suis déjà en limite d’objectif. -30 mètres. Je pensais pouvoir aller bien plus loin que cela mais la cavité plonge plus rapidement que prévu. Je ne plonge que depuis vingt-cinq minutes. Le retour se fait avec une visibilité limité mais pas nulle. Dans le premier puits, je fais un peu le ménage avant de retrouver l’eau froide. La combinaison humide est adaptée à l’eau karstique de l’Ardèche mais pas à l’eau de surface en cette saison…
Départ sur le platane (photo : Serge Labat)
Dehors, les choses ne se sont pas arrangées. Le vent est toujours présent. Mes collègues sont allés trouver un abri de fortune contre un gros rocher. Le temps de poser le matériel, l’onglet s’installe sur mes doigts et mes orteils. Je mettrai encore moins de temps à me mettre au sec qu’à mettre la combinaison. Le matériel, très vite remballé, est mis sur les dos et retour dans la combe pour se protéger du vent glacial. En montant, le sentier se fait plus évident. Au bout d’une demi-heure, nous longeons la falaise et arrivons enfin sur la zone ensoleillée. Une pose s’impose pour faire les lézards au pied d’une grande baume. Nous quittons même les vestes et polaires. Ça ressemble plus à l’Ardèche ! De retour aux voitures, le plateau nous rappelle que le vent est toujours là. Alors nous retournons à la civilisation pour préparer nos prochaines expéditions devant une bière ou un chocolat chaud…
Porteurs très motivés : François Parrini (SCA-Gap), Didier Delabre, Michel et Serge Labat, Sébastien Baussier et son fils (l’Aven, Vaucluse).
Nous laisserons de coté le Dévoluy, humide et froid en cette saison, pour prendre la direction de St-Eucher, cavité chaude et sèche (enfin presque).
Le « lustre » n’as pas bougé, faut dire qu’il n’y a pas beaucoup de courant d’air.
Personnes présentes : Christophe, Rémy (invité), Marc
Alors que la froidure dans les alpes calme nos hardeurs sur le Dévoluy, on se cale sur une belle sortie d’entraînement à l’aven d’Aubert, presque au chaud. Depuis le temps que j’en entendais parler, sans pouvoir y aller, nous y voilà enfin. Le départ se fait effectivement dans une volière, c’est pas commun. En principe le propriétaire des lieux autorise l’accès à cette période sans élevage mais pourtant ce jour, poules et canards gambadent joyeusement dans l’enclos. Nous prendrons donc toutes les précautions d’usage pour bien refermer la trappe derrière nous afin d’éviter “la grande évasion” et une volée de plumes dans le premier puits. Mais elle est lourde et pas commode à refermer cette trappe dans ce sens, ça commence fort.
Puits de l’Adrénaline
Nous descendons donc nos 4 kits de cordes dans le fameux puits de l’Arva, suivi du puits Arlette avant d’arriver au must de la sortie. Christophe équipe la petite vire ascendante. C’est pas commode et un poil réservé aux grands ! Et c’est sans parler du gaz aux fesses ! Il est intéressant de passer le dernier et de voir ses compères s’enfiler sur les premiers fractio. C’est magnifique avec les éclairages, je ne pense pas avoir déjà ressenti cet effet de profondeur, 100 mètres plein pot… ça envoie du gros !
Puits de l’Adrénaline
J’admire Christophe penduler pour chercher les relais suivants, ambiance garantie ! J’équipe le puits suivant (puits de l’Aboutissement, 55 m) de toute beauté. Le rocher est exceptionnel, et c’est vaste, il y a du volume.
Puits de l’Adrénaline
Une petite pensée aux découvreurs et au courage qu’il a fallu pour tout équiper … en montant, sans savoir où ils allaient ! Respect. Nous n’irons pas plus loin ce jour-ci, faut pas abuser des bonnes choses. Avec Christophe nous alternons à la remontée, je déséquipe ce qu’il a équipé et vice-versa. Le kit du 100 m, bien tassé au local, sera plus compliqué à remplir à la remontée, les pieds dans le vide.
Puits de l’Aboutissement
Et la fameuse vire, cette fois-ci à la descente me posera quelques difficultés pour déséquiper, me manque un petit 5 cm pour être à l’aise, faut s’étendre sur la pointe des pieds (des bottes plutôt), en extension maxi pour dévisser le mousqueton… sans s’en mettre une. Par contre ce qui est bien au retour c’est que ces singeries au dessus de 100 m de vide ne m’ont pas affolé. Comme quoi on s’habitue à tout !
Personnes présentes : François, Christophe, Donovan, Marc
Topo que l’on avait mise de coté avec l’idée d’y aller un jour, après avoir entendu les récits de Christian qui l’avait équipée il y a déjà quelques temps. La première visite de Jean louis, Léo et Christophe le 15/08/2016, confirme l’intérêt de cette cavité. Mais les équipements sont quasiment tous à changer, la rouille ayant fait son œuvre.
Il est donc décidé d’y retourner pour poursuivre la progression et le rééquipement.
Ce jour ci, Donovan nous accompagne. Pendant que Christophe et François poursuivent le rééquipement, je m’occupe de Donovan. C’est un peu une première pour lui, “enfin une cavité technique, il était temps” je crois même l’avoir entendu dire…
Plus sérieusement, cette cavité est également une première pour moi. Après une entrée en matière un peu délicate, à retenir les pierres en déséquilibre pour éviter le jeu de quilles avec les copains en dessous, nous arrivons sur les premiers rappels. Superbe ambiance !
On sent bien que le vide nous appelle, Donovan descendra le puits Aldébaran (22 m) avec un peu d’angoisse mais le puits suivant (puits Altaïr de 42 m) aura raison de sa motivation. Il préfère rester en haut à savourer le paysage ! J’en profite pour aller rapidement découvrir le deuxième P8 vers – 140 m que Christophe avait équipé la fois précédente, et je ne traîne pas pour rejoindre Donovan avant qu’il ne se frigorifie. La remontée se fera sans problème, encore un peu et Donovan nous accompagnera au fond !
Lundi, premier jour des vacances. Pour bien les commencer, une petite sortie spéléo s’impose. Mais un lundi, il n’y a pas grand monde de disponible mis à part les enseignants en vacances et les retraités. Comme nos retraités sont sur Briançon, nous organisons une visite du côté de la Roche de Rame et son réseau Boucher qui n’en finit pas de s’étendre.
Comme partout cette année, la neige se fait rare. Nous accéderons sans aucune difficulté au site. Seul le vent viendra nous refroidir. Et dans ce réseau labyrinthique et tectonique, il nous suivra toute la journée. Notre objectif sera le relevé topographique de la balme du Menhir qui a été jonctionnée au réseau il y a peu.
Au détour d’une diaclase, nous trouverons un petit dépôt d’ossements que Léa, notre éminente archéozoologue déterminera sans hésitation et sur photo comme du renard.
Participants : Marie-Pierre, Céline, Jean-Louis et Philippe
Le confort d’une victime en attente d’évacuation est toujours un problème épineux, et ce, particulièrement en secours plongée. L’hypothermie menace toujours et ces conséquences sur la suite d’un secours peuvent engendrer des complications. Aussi, nous sommes toujours à la recherche de solutions simples à mettre en œuvre mais efficace en terme de confort et d’isolation.
Nous avions testé plusieurs fois le portaledge. Le confort et l’isolation sont excellents. En revanche, le transport en siphon et en post-siphon s’avère compliqué. Le volume et le poids sont rédhibitoires. Le SSF84 avait testé en 2016 un point chaud suspendu à l’aide d’un tressage de corde. Très efficace mais compliqué et long à mettre en place. D’où l’idée d’une option très légère et prête à l’emploi : le hamac. Ceux du commerce ne répondaient pas à nos exigences, aussi nous avons fait réaliser un prototype que nous commençons à tester. Cette sortie à la grotte de la résurrection était la première mise en route du prototype.
Pendant que j’installais ce point chaud d’un nouveau type, Lucie et Céline se consacraient à un atelier poteries ou plutôt sculptures. Des années d’encadrement de jeunes dans cette grotte par notre BE artiste : Marc Casali, a rassemblé des centaines d’œuvres plus ou moins réussies. Celles du maître sont remarquables.
Côté point chaud, il y a encore des réglages à faire et des adaptations à prévoir mais le résultat, pour un premier montage est bien au-delà de nos espérances.
Avec François, nous étions partis sur la petite Céuze à la recherche de ce fameux gouffre des Femmes (ou Fénas). Mentionné par F.N. Nicollet en 1911 dans son ouvrage « Notice géographique et historique sur le Mandement et la Commune de Sigoyer-du-Dou (Hautes-Alpes) » nous la cherchons depuis plusieurs années, en vain. La neige est absente, la météo particulièrement clémente par rapport à la veille. Nous voici partis depuis Sigoyer.
La marche est rapidement bouclée. Nous commençons nos recherche sur le plateau des cochons. Ce n’est pas son nom mais la multitude de traces de sangliers nous a vite inspiré cette appellation. Sous un gros bloc, caché par un églantier, François découvre un abri bas où de la paille et des branches ont été stockées. On distingue clairement les traces d’aménagements pour faire un sol plat pour trois ou quatre couchages. Cela devait servir d’abri ponctuel car le plafond est très bas.
Nos pérégrinations nous conduisent, peu à peu, vers les ruines de Céas. Après le casse-croûte, nous descendons vers l’ouest sur le lapiaz pour tenter notre chance dans ce secteur. En parallèle, nous avançons afin de couvrir la zone. Mais là encore, choux blanc. Retour dans les champ de ruines pour retrouver le chemin du retour. Sur la dernière ruine, dans un angle, je remarque que les pierres ne sont pas disposées comme la logique de leur chute devrait les mettre. Je soulève les premières et découvre rapidement un vieux fût métallique rouillé. Impossible de le bouger, pris par les cailloux. J’appelle François en renfort et nous dégageons plus largement. Le fût est lourd. Je le bascule légèrement pour atteindre le sommet lorsque nous entendons un bruit de cliquetis par le dessous. Le fond est percé et laisse échapper des balles de gros calibre. Je repose le bidon à plat délicatement. Un coup de lampe vers l’intérieur montre un grand nombre de balles, que nous évaluons à 100 ou 200. Nous remettons les cailloux par dessus afin d’éviter tout risque d’accident.
Le mercredi, à la gendarmerie de la Saulce, je déclare notre découverte qui laisse perplexe nos agents. Ces derniers contactent le service de déminage de la sécurité civile basée à Marseille qui me rappelle. Nous convenons d’un rendez-vous, à l’occasion d’un de leurs déplacements dans les Alpes. La semaine suivante, après plusieurs jours de météo maussade, me voici en début d’après-midi, en marche pour retrouver notre « trésor » en compagnie de deux policiers démineurs. La neige est beaucoup plus présente mais ne nécessite pas encore de raquettes. Nous retrouvons facilement le fût et ses occupantes. Notre évaluation du nombre de balles fera bien rire nos experts. Il y a plus d’un millier de balles anglaises 303 pour fusil d’assaut. Nous emballons tout cela dans nos sacs et prenons immédiatement conscience du poids du métal. Le retour sera plus lent. Le service de déminage charge le butin dans leur véhicule de service, direction Marseille, où les balles seront détruites au four.
Cette découverte restera comme originale même si nous n’avons toujours pas trouvé la grotte des Fénas…