Avec Titouan et Céline, nous avions déjà cherché cette grotte qui, selon la légende, pourrait contenir une cinquantaine d’agneaux. Elle se situe sous un des rochers effondrés de Céuze. Mais où ? Nous étions partis depuis l’école d’escalade sur un chemin hypothétique qui nous a conduit dans une « bartasse » indescriptible avant de rejoindre la piste forestière du haut puis le sentier de la falaise, sans succès.
Cette fois-ci, avec seulement Céline, nous reprenons avec précision les rares indications. Prendre le sentier au départ du carrefour de la piste qui mène à l’école d’escalade et celle qui conduit à la piste supérieure… Le panneau est bien fatigué mais il indique encore « Falaise » juste sur le carrefour qui sert surtout de parking. La montée est raide mais rapidement nous arrivons à la piste supérieure. Le sentier se poursuit en face, nous le suivons. Là encore nous montons vite sans l’ombre d’une grotte ni d’un gros rocher. Nous contournons la seule zone rocheuse par la gauche pour découvrir, au-dessus, un magnifique promontoire et du panorama splendide. Sur la droite, nous apercevons un vide suffisant qui nous rend curieux. Impossible de descendre, trop vertical. Nous redescendons par la gauche assez bas pour nous retrouver au pied de ce gros bloc partiellement caché par les arbres.
Les vieux amarrages en 8mm montrent que nous avons trouvé le fameux « mur des Vaudois » ouvert par J.-C. Lafaille indiqué dans le guide de 1990. Les voies sont toutes au-dessus de 7b. Pas pour nous ! En longeant cette belle face, nous arrivons côté est où un porche se dessine. C’est là que démarre la grotte, car il s’agit bien plus d’une grotte que d’un abri. Après le porche, l’entrée de deux mètres de large permet d’accéder à une galerie de vingt mètres de long. Sur la droite, des coulées de calcites abritent une petite faune d’insectes et araignées. Au sol, les moutons ont laissé un crottin bien sec. Pour une fois, la légende est sous la réalité. La galerie est assez vaste pour accueillir une bonne centaine de moutons !
Participants : Céline BROGGI et Philippe BERTOCHIO
Par un beau dimanche du mois de mars, nous décidons de reprendre le Scarabée dans le Dévoluy. L’hiver est passé, l’accès pédestre est bien dégagé. Ni raquettes ni ski de rando ne sont nécessaires.
De plus, de deux en février, nous venons cette fois-ci à cinq !
Mais, l’entrée nous résiste encore ! Un beau bouchon de neige, puis de glace bouche l’accès du chourum.
Incroyable, nous pique-niquons sous le soleil à côté de cette entrée, encore recouverte d’un manteau neigeux !
Une fois de plus, nous redescendons sans avoir utilisé le matériel de spéléo. Profitant du beau temps, nous changeons de sentier et redécouvrons un autre chourum marqué et exploré dans le secteur. Celui-ci n’est pas complètement bouché par un tas de neige, mais il ne mène pas bien loin…
Prochaine sortie au Scarabée entre 14 juillet et 15 août, non ?
Remarque : située dans la réserve des gorges de l’Ardèche, l’accès et la plongée dans la source du platane sont soumis à une réglementation stricte. Il est impératif de déposer une demande auprès du syndicat de gestion des gorges de l’Ardèche. Par mesure de protection d’une faune aviaire particulièrement fragile, l’autorisation ne peut être donnée que pour la période d’octobre à avril.
Samedi 7 janvier 2017
Départ matinal, -10 degrés, avec François depuis la Saulce à 7h00 et une petite pause café à Bourg-Saint-Andéol. Dans la vallée du Rhône, le vent est particulièrement fort. Au rendez-vous de dix heures dans le virage de la combe … tout le monde est à l’heure, même ceux que nous n’attendions pas. Une vingtaine de chasseurs font une battue dans la combe d’Agrimont, sous la route. C’est ballot, c’est notre chemin d’accès à la source. Renseignements pris, ils n’étaient pas venus là depuis quatre ans. Nous n’avons vraiment pas de chance. Les chasseurs sont plutôt cools et nous conseillent de mettre les gilets jaunes des voitures. Nous le ferons sans protestation… Au passage, nous nous faisons avoir traité de fous lorsqu’ils apprennent que nous descendons plonger. Il faut dire que le temps n’est guère encourageant : froid glacial, vent terrible. Nous avons vraiment choisi notre jour.
Sacs sur le dos, nous suivons Didier à la recherche du sentier qu’empruntaient les charbonniers pour rejoindre les bords de l’Ardèche. La chose n’est pas aisée. Depuis plusieurs années sans passage, la végétation a recouvert une bonne partie du sentier. Les sangliers, en remuant les sous-bois ont fini d’effacer toute trace. C’est fou ce que ces bestioles peuvent modifier profondément la géographie d’un secteur. Ils sont presque pires que les humains. Après quelques hésitations, notre guide nous amène à bon port ou plutôt à bonne rive. Nous aurons eu besoin de quelques mètres de corde pour descendre les derniers mètres. Une fois dans le lit de la rivière, nous nous rendons immédiatement compte que ce ne sera pas une journée plage. Le vent, en s’engouffrant dans le canyon de l’Ardèche est encore plus fort que sur le plateau, et le froid n’en est que plus perceptible. C’est dans ces conditions que je quitte mes habits sous les yeux médusés de mes collègues pour enfiler la combinaison néoprène. Pour une première prise de contact, j’ai prévu léger donc combinaison humide, petit recycleur et bouteilles de redondance. Avec de l’air j’envisage ma limite à trente mètres de profondeur s’il n’y a pas trop de travail à faire pour ouvrir l’entrée et réparer le fil d’Ariane. Le temps d’équipement étant proportionnel à la température ambiante, je suis très rapidement dans l’eau. L’entrée, en laminoir, ne semble pas obstruée, au contraire, la roche est nue. Seule une fine pellicule très glissante de vase recouvre le sol. En déstructuré, je me faufile facilement à la recherche du fil en place trois mètres plus loin. Je trouve bien un amarrage au plafond mais il ne reste que le caouech. Dès que je dépasse la limite de la lumière naturelle, des gros poissons blancs type chevaines viennent au contact s’enquérir des raisons de ma présence. J’ai beau leur préciser que je ne faisais que passer, ils insistent. Certains sont presque familiers. Je les repousse du gant, toujours à la recherche du fil. Après avoir déroulé dix ou vingt mètres de fil, un puits bien rond d’un mètre cinquante de diamètre s’ouvre devant moi. La turbidité ne me permet pas de voir très loin. En me laissant tomber comme une feuille morte, je sens une eau beaucoup plus chaude que celle de l’Ardèche. Sa couleur est aussi plus jaune. Je découvre une plaquette vide qui devait servir pour fixer les bouteilles de décompression. Juste en dessous, je trouve une petite pelote de fil sur un amarrage. Les crues ont dû l’embobiner là. Après quelques franches tractions tests, la suite du fil me paraît suffisamment correcte pour poser mon petit touret d’entrée. Je garde le gros pour les éventuelles réparations futures. A chaque pose, un nuage d’argile rend opaque la zone. Le sol continue à s’enfoncer rapidement contrairement au plafond ce qui forme un méandre de belles dimensions. Sur les côtés, des banquettes d’argiles épaisses n’invitent pas le plongeur à s’approcher. Au fond, la roche est dégagée et forme une succession de marmites peu profondes pleines de poissons au dos noir qui jouent à saute-poissons. Au milieu, une belle anguille passe d’un groupe à l’autre puis me passe derrière sans modifier son allure. Je continue à avancer doucement en prenant un maximum d’information sur la galerie. Les talus d’argile ont laissé la place à des banquettes rocheuses alors que le sol descend encore d’un étage. En suivant la banquette de gauche, celle où le fil est posé, je vois ma copine l’anguille me dépasser en passant sous moi. Elle n’est vraiment pas inquiète. A se demander si elle n’attend pas tout simplement son futur repas ?
Un petit contrôle des paramètres me prévient que je suis déjà en limite d’objectif. -30 mètres. Je pensais pouvoir aller bien plus loin que cela mais la cavité plonge plus rapidement que prévu. Je ne plonge que depuis vingt-cinq minutes. Le retour se fait avec une visibilité limité mais pas nulle. Dans le premier puits, je fais un peu le ménage avant de retrouver l’eau froide. La combinaison humide est adaptée à l’eau karstique de l’Ardèche mais pas à l’eau de surface en cette saison…
Dehors, les choses ne se sont pas arrangées. Le vent est toujours présent. Mes collègues sont allés trouver un abri de fortune contre un gros rocher. Le temps de poser le matériel, l’onglet s’installe sur mes doigts et mes orteils. Je mettrai encore moins de temps à me mettre au sec qu’à mettre la combinaison. Le matériel, très vite remballé, est mis sur les dos et retour dans la combe pour se protéger du vent glacial. En montant, le sentier se fait plus évident. Au bout d’une demi-heure, nous longeons la falaise et arrivons enfin sur la zone ensoleillée. Une pose s’impose pour faire les lézards au pied d’une grande baume. Nous quittons même les vestes et polaires. Ça ressemble plus à l’Ardèche ! De retour aux voitures, le plateau nous rappelle que le vent est toujours là. Alors nous retournons à la civilisation pour préparer nos prochaines expéditions devant une bière ou un chocolat chaud…
Porteurs très motivés : François Parrini (SCA-Gap), Didier Delabre, Michel et Serge Labat, Sébastien Baussier et son fils (l’Aven, Vaucluse).