Topographie en hivernale

Participants : Christophe Boulangeat et Philippe Bertochio


Il y a longtemps que Christophe l’attendait. Deux ans ! Trois occasions annulées faute d’une météo sure, deux fois où il n’était pas disponible. Enfin, tout est réuni pour faire une belle course à la baume de la grande Entaille. Et ce fut une très belle course…

Un peu dans la purée (photo : Ph. Bertochio)
Un peu dans la purée (photo : Ph. Bertochio)

A 7h15, nous partons de la gare du téléphérique de Bure, raquettes aux pieds. Nous allumons les « ARVA ». Le brouillard nous accompagne. Il fait – 10° et le jour se lève à peine. La neige est bonne mais la combe de Corne ressemble à un circuit de tour operator tant elle est marquée par les traces des skieurs de randonnée. Il nous faudra un peu plus d’une heure pour atteindre le plateau de Denflairar. Le début des affaires sérieuses. La pente devient abrupte. Nous allons longer les barres. Le ports du casque est plus que recommandé.

Le soleil arrive mais la vallée est encore dans le brouillard. (photo : Ph. Bertochio)
Le soleil arrive mais la vallée est encore dans le brouillard. (photo : Ph. Bertochio)

Ce n’est plus une balade. Le conditions sont plutôt bonnes mais la pente et l’enneigement nous impose la prudence. A mi-pente, la neige est trop dure pour pouvoir continuer avec les raquettes. Nous les quittons pour enfiler les crampons. Nous commençons à souffrir du froid aux pieds. Les chaussettes humides par la marche du départ nous donnent l’impression d’avoir les pieds au congélateur. Cependant, nous montons maintenant plus rapidement.

Allez Philippe, ce sont les derniers mètres... (photo : Ch. Boulangeat)
Allez Philippe, ce sont les derniers mètres… (photo : Ch. Boulangeat)

Nous arrivons au point clé de l’accès à l’entrée, une barre rocheuse inaccessible sans la corde que nous avons mise en place il y a deux ans déjà. La corde est ensevelie sous la neige mais la falaise aussi. Nous n’aurons besoin ni des bloqueurs ni du piolet traction. Une petite bande de neige nous permet de franchir l’obstacle presque facilement. Puis nous reprenons l’ascension du névé. Cette fois-ci, la glissade est interdite. Nous sommes encerclés de belles barres rocheuses.

L'entrée avec les sommets du Valgodemar en horizon. (photo : Ph. Bertochio)
L’entrée avec les sommets du Valgodemar en horizon. (photo : Ph. Bertochio)

Enfin l’entrée. Nous avons mis un peu plus de deux heures trente pour arriver. Je ne sens plus mes orteils depuis longtemps. Rapidement, je quitte chaussures et chaussettes pour mettre une paire sèche et par dessus des gants afin de les réchauffer au plus vite. Ce n’est pas très saillant mais d’une redoutable efficacité. En dix minutes, mes pieds ont retrouvé leur température normale au prix de redoutables souffrances lors de la reprise de la circulation sanguine. Nous cassons une graine bien méritée et passons à la tenue spéléo version hiver. Avec les couches de sous-vêtements en polaire nous n’arrivons plus à fermer le baudrier. Avec quelques contorsions, ce sera fait.

Glace (photo : Ch. Boulangeat)
Glace (photo : Ch. Boulangeat)

Dès les premiers pas dans la galerie, la glace apparaît, féerique. Nous prenons le temps de quelques clichés. Christophe joue avec les reflets dans la glace pour des photos toutes en profondeur. Puis nous rejoignons le P12 où nous avions arrêté la topographie. En montant sur la corde, nous découvrons avec plaisir que la chaleur s’est concentré dans la partie supérieure de la cavité. Les courants d’air sont bloqués car la neige bouche les entrées sur le plateau. Dans ces conditions, le relevé topographique est un plaisir. Il sera vite réalisé pour atteindre deux terminus en laminoir.

Laminoir (photo : Ch. Boulangeat)
Laminoir (photo : Ch. Boulangeat)

Dans la galerie inférieure, un courant d’air nous interpelle. Christophe ne semble pas fasciné par l’idée de forcer le laminoir. Je m’engage dans cette étroiture de trois mètres de long. En revanche, en hauteur, un double décimètre suffit amplement pour en prendre les mesures. Je pousse à gauche, dans la zone la plus étroite, les quelques cailloux extraits de la terre du sol. Et j’avance de quelques centimètres supplémentaires. Je finis par déboucher dans une galerie « énorme ». Disons que je me tiens presque debout. Christophe me rejoint. Nous parcourons ensuite une quarantaine de mètres d’une galerie de plus en plus spacieuse au fur et à mesure de la descente. Une cheminée viendra contrecarrer notre idée de sortir en falaise. Cet élargissement a généré suffisamment d’éboulis pour boucher la suite sans perspective de désobstruction. Nous rebroussons chemin avec le plaisir d’avoir fait de la première, ce qui n’était pas prévu au programme.

Un ménhir de glace fossile. (photo : Ph. Bertochio)
Un ménhir de glace fossile. (photo : Ph. Bertochio)

L’heure tourne et nous ne sommes pas exactement à côté de la maison. Aussi, nous reprenons le long chemin du retour. La descente sera rapide. Arrivés à nos raquettes, Christophe préfère continuer avec les crampons. J’opte pour les raquettes. Je pense pouvoir glisser avec. Redoutable erreur ! La neige croûtée, le poids du sac qui me déséquilibre et les cuisses bien tendues par les effort de la journée, je ferai la descente plus souvent sur les fesses que sur les raquettes. Je finis même par les enlever pour les prendre à la main et marcher directement en chaussures. Cela me fera gagner beaucoup de temps.