Sauvetage de « Boulette »

Dimanche soir un coup de fil : une chienne est tombée dans un chourum au dessus de la cabane du Camarguier. Donc RDV 8h lundi matin avec les deux skieurs (Christophe et Nico) pour une tentative de sauvetage. Approche en ski de rando, -7°c au Grand Villard, brouillard, vent et neige, 650m de dénivelé et des sacs très lourds, trop bon ! 11h au bord du trou, 2 coups de pelle, 3 coups de piolet, 3 coups de perfo une corde de 30m et hop au fond. Et au fond rien. Pas de trace, pas de poil, pas de sang, pas de crotte, pas de Boulette. Juste un gros cône de neige de 6m de haut alimenté régulièrement par la surface.

Frais
Frais

Je remonte, avec peu d’espoir. Mais Christophe et Nico me remotive, il faut sonder le cône, elle est peut être dessous. Et hop direction le fond avec la sonde, la pelle et le perfo (histoire d’équiper 2 fractio correctement). Le sondage méthodique commence. A chaque fois je traverse le cône et tape le rocher, sauf dans un coin. Je creuse un peu, je sonde et là un truc mou, puis le rocher et un couinement. Coup de speed, coup de pelle, recoup de sonde, rien. J’ai du rêver. Je continu mon sondage méthodique, et qq minutes plus tard, au même endroit, même sensation ! On ne rêve pas deux fois ! Et qq coup de pelle plus tard, la tête de Boulette apparaît, en pleine forme ! Incroyable ! Reste plus qu’à la remonter… le but était d’équiper 2 points de renvoi, dont une poulie largable, pour guider la corde de traction. Mais pb, plus de goujons ! Reste plus qu’à essayer les amarrages forés, il parait que ça marche…

l'équipement
l’équipement

Une fois le système en place, deuxième étape, faire rentrer Boulette dans le sac à dos, pas simple ! Mais je lui ai expliqué qu’il fallait qu’elle rentre dans le sac si elle voulait sortir du trou…

Boulette dans son sac à dos
Boulette dans son sac à dos

Bon ça y est, tout est en place, je crie « hissez » à la radio, mais ça ne passe pas. Je remonte 10m au dessus, la radio passe, la corde se tend, et … Boulette panique et sort du sac. Echec. Deuxième tentative, mauvaise communication, le sac part mais Boulette n’est pas dedans ! Troisième tentative, cette fois, pas le choix, je serre plus fort les sangles et je la prends en poids directement sous moi, comme un kit d’une trentaine de kilo ! Ça marche, elle a moins peur. Premier fractio, on réfléchit bien, ça passe. La poulie largable fonctionne à merveille, ça monte. Deuxième fractio, deuxième poulie, et avec un peu d’huile de coude, la voilà dehors ! Apeurée, essoufflée, mais vivante et en pleine forme ! Ah tiens, il fait nuit ! Allez hop on déséquipe, et une petite descente à ski de nuit, dans le brouillard entre les chourums et les plaques à vents… trop bon ! Ça a eu au moins le mérite de réchauffer les deux glaçons qui se sont gelés toute la journée au bord du trou… Il est 18h30 et il fait toujours -7°c aux voitures…

Journée exténuante mais riche, j’ai beaucoup appris.

Un conseil, si ça vous arrive de descendre un puits en chaussure de ski avec un perfo, une pelle et une sonde à neige accroché au baudrier, évitez de laisser la sonde déplié, ça se plante partout surtout là ou ça fait mâââl… ça paraît logique mais bon…

Et avoir le manuel du sauveteur du SSF sur sa table de chevet c’est pratique, on apprend plein de truc…