Participants : Alexandre Zappelli, Alexandra Rolland, Maxime Bontemps, Camille Béranger, Vasile du club l’Escandaou ; Marc Petiteau, Chirstophe Boulangeat, Vladimir Cviklinski du Spéléo club de Gap ; Marianna Jagercikova, Nathan Rispal SCA-GAP & Ragaies. Photographies : Chirstophe Boulangeat.
Objectifs scientifiques
Dans le cadre des travaux de recherche en cours dans Dévoluy et portant sur la compréhension des circulations souterraines dans le karst nous avons prévu des traçages dans la Tune des Renards et dans le Chourum des Beaux Yeux. L’objectif via ces traçages est d’améliorer la compréhension du système karstique. D’un part en colorant une cavité nouvelle dont la spécificité est de contenir une rivière souterraine pérenne (Les Beaux Yeux) et de l’autre en réalisant un traçage dans la Tune des Renards où une coloration avait déjà été faite il y a quelques années mais en basses eaux. Réaliser cette étude au printemps (période de fonte et donc de hautes eaux) permet de s’assurer que le karst est saturé. Nous avons choisi de réaliser le traçage le même jour dans les deux cavités pour avoir des conditions hydrodynamiques les plus similaires possibles dans les deux zones d’injections : un traçage réalisé avec une journée d’intervalle pourrait donner des résultats différents si le système est modifié par l’apport d’eau entre deux injections s’il pleut en surface par exemple.
Déroulé de la journée
Nous nous donnons rendez-vous à 8h au col du Festre le samedi 1er juin. L’équipe est constituée de spéléos variés : les Gapençais avec Vladimir, Christophe et Marc, les marseillais avec Alexandre, Alexandra, Maxime, Camille et Vasile ainsi que Marianna et Nathan.
Premier faux départ : on a oublié le matos de progression pour Marianna, heureusement Vlad est parti a Veynes récupéré celui que Val nous a gentiment prêté… En attendant on se divise les charges et on fait les équipes : Alexandra Marianna et Nathan partiront à la tune avec 4 charges de 1,250kg de colorant (fluorescéine) tandis que les sept autres se dirigent vers les Beaux Yeux avec 8 charges pour un total de 20 kg d’acide amino G.
Tune des Renards
Nous nous garons sur la piste peu après Lachaup et partons en direction de la cavité ; après quelques hésitations dans le brouillard nous rejoignons l’entrée pour nous équiper et rentrons dans le trou à 10h50. La Tune des renards ne comporte pas de grandes verticales mais que des petits ressauts et passages étroits, la morphologie de la cavité est relativement homogène : le conduit se développe dans le pendage des bancs calcaires et la progression se fait toujours dans la même direction. Un équipement en fixe est en place, les Escandaou sont en train de rééquiper la grotte post explo avec des spits jusqu’à -600m et ont donc laissé des cordes pour l’instant, cela nous permet d’être rapides. Vers 13h nous arrivons à -300m, à l’entrée de la zone des boyaux qui mènent à la salle du camp. Un actif suffisant pour réaliser la coloration coule avant ces boyaux mais pour être sûr qu’il n’y ait pas plus d’eau après je m’engage jusqu’à la salle du camp. Je me trempe dans les boyaux dont le fond est rempli d’eau pour me rendre compte que l’actif n’est pas plus gros après… Je fais demi-tour et nous ferons donc le traçage en amont.
Nous mangeons rapidement puis vers 13H30 commençons à remplir d’eau les bidons dans lesquels Zap avait mis le colorant. L’objectif est de diluer au maximum la poudre dans les bidons avec de l’eau avant de les déverser dans une petite vasque qui nous permet de larguer le traceur. Le premier bidon est vidé vers 14h50. Il nous faudra 1h pour faire les autres, la poudre est très concentrée et on doit enchaîner plusieurs rinçages successifs pour tout larguer. Petite à petit l’actif prend une couleur verte caractéristique, nous nous efforçons de bien diluer en attendant entre deux bidons lorsque la vasque ne suffit pas. A 15h20 l’injection est terminée. On nettoie bien les bidons et on en profite pour rincer les parois autours de la zone d’injections qui ont pris quelques projections de traceur… Une fois tout rangé et nettoyé, on remonte et on arrive dehors sous la pluie vers 17h30. On descend trempé jusqu’à la voiture puis direction le camping où on attendra les autres de retour des Beaux Yeux.
La pluie aura un avantage, elle rajoutera encore un peu plus d’eau dans le karst et permettra de bien pousser le colorant vers la zone noyée !
Les Beaux Yeux
Plus la peine de décrire cette cavité que nous commençons à connaître, enfin, ce qui ne n’empêche toujours pas d’aller visiter des voies sans issue…Les plus rapides avec Christophe feront une pointe jusqu’au bivouac qui est toujours en place et bien protégé des eaux. Avec Vasile nous fermons la marche… de loin. Enfin on se retrouve dans la rivière vers – 320.
Entre 14h et 14h30 nous commençons à diluer nos 20 kg d’acide amino G. Ca ne laisse pas de trace dans l’eau ou sur les rochers par contre, ça se dilue mal dans l’eau froide, faut touiller et retouiller jusqu’à se geler les doigts. Alexandre et Vasile en tenue »du sud » se gèlent pas que les mains. A vrai dire à rester près d’une heure avec notre mixture, on peut pas dire qu’on avait chaud ce serait mentir.
Après la tache terminée, nous remontons et sortons vers 18 h sous une pluie de grésille. C’était pas la journée à faire le plein de calories, mais la mission est remplie.
Et les résultats se feront rapidement connaître.
