Camp grotte des Chamois 2013

Participants du club : Philippe BERTOCHIO

samedi 10 août 2013

Voyage jusqu’à Castelet-les-Sausses et deux portages du col du Fa à Auren. Cette année, nous n’avons pas pu louer de quad. Les voyages se feront donc à pied des voitures au hameau de Auren, soit 45 minutes de marche. Les plus chanceux profiteront d’un voyage en quad offert par les habitants des lieux.

portage
portage

dimanche 11 août

Cette fois-ci, les portages se font d’Auren vers les Fantasmes, la future entrée du réseau. Mais pour le moment, nous creusons toujours et ce depuis 2010. Ce dimanche est consacré au portage du matériel de spéléo et celui de la plongée du siphon aval dans quelques jours. Cinq kilomètres dans la montagne pour rejoindre l’entrée soit une heure et demi. Je ferai deux voyages : le premier à la fraîcheur du matin, le second à la fraîcheur du soir.

J'arrive d'un portage et Gabi du fond (photo : Philippe MAUZET)
J’arrive d’un portage et Gabi du fond (photo : Philippe MAUZET)

lundi 12 août

Avec Philippe AUDRA, nous partons poursuivre la désobstruction par l’intérieur de la galerie des Pingouins pendant qu’une autre équipe dégagera par l’entrée des Fantasmes. L’année dernière, je m’étais promis de ne plus passer par l’infâme galerie des Chadocs : 400 mètres de quatre pattes dans la boue et l’eau. Une ruine pour le matériel, l’énergie et surtout les genoux. Par chance, le gros du matériel est déjà sur place. Nos sacs sont légers. Nous n’amenons que la nourriture et des affaires sèches. Alors que nous mettons habituellement trois heures pour nous rendre sur place avec une charge « normale », là, connaissant bien le réseau, nous nous rendrons en moins d’une heure trente.

ambiance du chantier
ambiance du chantier

mardi 13 août

Devant l’ampleur du travail afin de réaliser la jonction « Fantasmes-Pingouins », je me résous à organiser la plongée du siphon aval par les Chadocs. Les objectifs sont multiples et le matériel nécessaire assez minimal. J’envisage de poser une balise type « ARVA » dans la trémie aval. Pendant qu’en surface quelqu’un réalise la recherche du signal, je reviendrai topographier la galerie droite découverte l’année dernière. Il est possible qu’elle nous conduise vers le canyon des Pasquerets pour une nouvelle possibilité d’entrée. Durant la plongée, je dois aussi prélever des Aselles pour le laboratoire de Lyon qui souhaite vérifier si l’espèce est nouvelle.

Une partie large dans les Chadocs
Une partie large dans les Chadocs

Nous partons d’Auren avec Didier CAILHOL, Nicolas, Gibriella, Bruno ARFIB, Alain pour la grotte puis le bivouac des Hormones. Là, Didier et Nico font du rangement avant de partir à la galerie des Pingouins pour la désobstruction. Avec Alain, Gabi et Bruno, nous rejoignons le puits K&K. Alain n’est pas en forme. Il nous attend en haut. Je descends rapidement et me prépare le temps que Gabi et Bruno arrivent. Une petite séance vidéo avant de partir sous l’eau. Caméra à la main, je pars dans le siphon. – 12 mètres, le fil est cassé par les crues. Je pose la caméra et raboute un fil pour chercher l’autre bout dans la galerie. Je le trouve rapidement, retends le tout et récupère la caméra. Il n’y a déjà plus de batterie. L’eau à six degrés a encore fait une victime ! Finies les prises de vues. Je pars sur mon second objectif. Je sors de l’eau en constatant que je n’ai aperçu aucune aselle. Une fois débarrassé de mon équipement, je file vers l’aval pour poser l’ARVA dans la trémie terminale. De la, je remonte la rivière juste avant le lac pour débuter la topographie de la galerie de droite. Elle démarre agréablement par un grand talus de sable. Mais celui-ci se transforme assez vite en boue bien collante. Et le plafond ne cesse de descendre. Je me retrouve à quatre pattes dans la boue à chercher désespérément un amarrage adapté au bout de mon décamètres pour qu’il tienne le temps de la mesure. Bien entendu, les piles du lasermètre n’ont pas résisté à la température. L’électronique n’a pas non plus apprécié le taux d’humidité.

Départ dans le siphon aval (photo : J-Y. BIGOT)
Départ dans le siphon aval (photo : J-Y. BIGOT)

A chaque mesure, je refais le chemin inverse pour décrocher le décamètre. A quatre pattes et sur les coudes pour garder les mains propres, c’est vite pénible. Heureusement, cent mètres plus loin, une trémie énorme vient me délivrer de ce calvaire. De gros blocs au-dessus de ma tête arrête définitivement ma progression. Je boucle le relevé topographique et retourne dans l’aval de la rivière. Le temps prévu pour la recherche de l’ARVA en surface est déjà écoulé. Je peux récupérer l’appareil. Avant de partir, je déclenche un fumigène pour doubler les chances de repérage. Il ne me reste plus qu’une mission, mais pas la plus simple : récolter quelques spécimens d’Aselle pour le laboratoire de Lyon. L’identification formelle est à ce prix. Retour à mon matériel de plongée. J’ai assez d’air dans les bouteilles pour faire un peu de tourisme biologique. Le retour se fait lentement en scrutant les rochers, le fond… Rien ne bouge. Ce n’est qu’au deux tiers du retour que j’aperçois un gros spécimen, certainement une femelle (dimorphisme sexuel). Elle ne semble pas farouche du tout. En regardant d’un peu plus près, je remarque qu’elle tient entre ses pattes bien serrées un spécimen plus petit (le mâle). J’ouvre le flacon pour les faire basculer dedans. Fort de ces observations, je regarde plus attentivement les rochers avec une pointe se dressant dans le courant du siphon. Bingo ! Je trouve une autre femelle sur la pointe. Quelques centimètres plus bas, un mâle, très craintif, cherche à fuir ma lumière. La femelle semble beaucoup plus curieuse de ma présence. Après quatre prises, il est grand temps de faire surface : côté autonomie mais surtout froid. Je suis en combinaison humide. 6°, ce n’est vraiment pas chaud.

J’avais prévu trois heures post siphon. Je suis de retour deux heures et demi après. Mes collègues sont encore en balade dans la nouvelle galerie repérée hier en topographie entre les Thénardiers et les Pingouins. Je me change, prépare les sacs pour le retour et les dépose au pied du puits K&K. Le mien sur le dos, je commence le retour histoire de me réchauffer un peu. Je serai dehors en une heure et demi. A force de faire ce parcours, notre progression est de plus en plus rapide. Alain, Gabi et Bruno sortiront une heure après. Leurs pérégrinations auront duré plus que prévu.

asellus
asellus

mercredi 14 août

Ce jour est prévu pour se reposer un peu. Alors le matin, je nettoie et remonte un kit plongée à la voiture, au col du Fa. L’après-midi, je remonte à la grotte des Chamois pour récupérer les trois autres kits de matériel de la plongée de la veille pour les redescendre à Auren.

L’équipe qui était dans la galerie des Pingouins pour continuer le chantier rentre dépitée. Elle a cassé un foret de plus. Il manque du matériel pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions et avancer efficacement. Aussi, je décide de faire un voyage rapide à la maison pour récupérer tout ce qui nous manque. Le lendemain, je serai à Auren à 10 heures pour reprendre le chantier.

jeudi 15 août

Le camp avance et nous n’avons toujours pas ouvert l’entrée des Fantasmes. Ce sera l’objectif majeur pour l’ensemble des participants. Une équipe qui attaque le chantier par la galerie des Pingouins et une autre, en nombre, qui passera par les Fantasmes. Afin d’acheminer les bacs de pierres vers l’extérieur, il faut être maintenant six du côté des Fantasmes. Donc, trois jours durant, je déblaierais la galerie des Fantasmes : au marteau, au burineur, à charrier des bacs…

Après une bonne séance d’évacuation de déblaie, je descends dans le vallon des Pasquerets afin de localiser le signal de l’ARVA. La veille, Bruno, Nico et Joan se sont arrêtés sur une trémie de galets qui ne peut venir que de là. Comme il manque quelques visées topographiques, Peter, Agnes et Majian vont reprendre cette galerie très sportive et déposer un ARVA au point terminal. Malgré les deux heures de recherche, l’épaisseur et la qualité des sédiments m’interdiront de retrouver le signal en surface.

L'entrée aérienne des Fantasmes (Photo : Philippe MAUZET)
L’entrée aérienne des Fantasmes (Photo : Philippe MAUZET)

Peter, Agnes et Majian se souviendront de cette expédition. La galerie était bien comme décrites par les trois prédécesseurs : étroite, boueuse, ébouleuse mais avec en cerise sur le « gâteau » deux voûtes mouillantes : une à la bouche, l’autre aux oreilles. Mais à la place de l’eau habituelle, une crème bien onctueuse d’argile très liquide…

Le soir, je remonte grâce à un voyage en quad les trois autres kits plongées à la voiture.

vendredi 16 août

A nouveau une journée de désobstruction dans la galerie des Fantasmes. La motivation est tous les jours plus grande. Nous parvenons maintenant à parler aux collègues qui sont côté Pingouins. Nous apercevons même la lumière. En fin de journée, je tenterai le passage brutal d’une étroiture sélective. De son côté, Philippe AUDRA en franchira deux ce qui nous permet, pour la première fois de nous serrer la main. Après une heure de plus de dégagement, Philippe et Olivier pourront sortir par les Fantasmes alors qu’ils étaient entrés par les Chadocs. Une première. Mais pour en faire une classique, il nous faudra encore élargir des passages trop limitatifs pour certaines carrures.

Repos du guerrier
Repos du guerrier

samedi 17 août

Nouvelle journée d’élargissement de l’entrée des Fantasmes. Nous sommes tous à pied d’œuvre dans le vallon des Pasquerets. Après quelques péripéties, comme le blocage d’un burineur en travers d’une étroiture, interdisant aux trois spéléo de l’autre côté de pouvoir ressortir, le soir, l’entrée des Fantasmes est officiellement ouverte.

Jean-Claude nous aura préparé un petit festin avec les spécialités du coin : caillette d’Anot, vin rouge du Haut Var (06), Coppa, Pesto… Un petit régal. Plus tard dans la nuit, chacun sortira sa spécialité, bien souvent à plus de 40°. Une mention spéciale pour la gnôle macédonienne de Majian qui est tellement forte que rien n’y résiste…

dimanche 18 août

C’est le moment de dire au revoir. Le sac est prêt. Je rentre à la maison en donnant rendez-vous à l’année suivante.

Départ chargé ? (photo : Philippe MAUZET)
Départ chargé ? (photo : Philippe MAUZET)