Instrumentation du puits des Bans, suite

Participants : François PARRINI et Philippe BERTOCHIO


L’objectif était de poser une quatrième sonde au niveau du siphon 2. Mais pour cela, il faut plonger le siphon 1…

Il a plu toute la nuit. Le matin, il pleut encore ! Pas un temps à mettre un spéléo dessous terre ? Au puits des Bans, cheminée d’équilibre des Gillardes, vous êtes fous !

Après deux cents sorties aux puits des Bans, il y a quelques années, je me suis arrêté de compter. Pourtant, il m’arrive encore de découvrir un bout de galerie qui m’avait échappé. Depuis les années 2000, le club s’est beaucoup investi dans l’étude de cette cavité extraordinaire. Exploration, coloration, prélèvement, analyse, instrumentation… Notre connaissance de la cavité devient chaque année un peu plus précise.

Bien entendu, ce matin, en faisant la route avec François, nous avions encore quelques doutes. Le niveau d’eau serra t-il suffisamment bas. Malgré la pluie, nous savons que la cavité n’est pas inondée. Tant que la neige recouvre l’altitude 1600, les infiltrations d’eau dans le karst sont minimes. L’eau s’évacue principalement par les cours d’eau de surface. Pourtant, tout au long de la descente dans le gouffre, les ruisseaux courraient vers le fond avec un bruit assourdissant. Mais les mises en charges ne viennent pas de la surface. C’est le débit aux Gillardes et le dépassement de sa cote d’alerte qui fait remonter le niveau de base. De plus, les mises en charges sont longues. Même lors des plus grosses crues, il a fallu plus de douze heures pour que l’eau remonte les 225 mètres. Il nous faut moins d’une heure pour sortir.

Plus nous descendons et plus l’eau nous accompagne en cascadant dans les ressauts. Arrivés au lac, nous constatons qu’ils sont bien pleins. Il n’y a plus qu’une seule étendue d’eau qu’il faut traversée à la nage. François n’est pas équipé pour cela. Il m’attendra là. Je passe à la tenue plongeur pour la suite. Passé les lacs, la galerie reprend sa physionomie habituelle. Avec mes bouteilles de 4 litres en bandoulière, je rejoins le départ du siphon 1. Il a deux mètres de plus que son niveau d’étiage, rien de gênant. En revanche, le fil d’Ariane gît dans les cailloux. Les dernières crues l’ont arraché. Je vais devoir faire de la « couture ». Il me faudra réparer le fil quatre fois.

De l’autre côté, je pose les bouteilles et file rapidement au siphon 2. Surprise ! Je m’attendais vraiment à un niveau un peu plus haut. Il n’y a que cinq mètres de plus que l’étiage. Je pose ma sonde et rebrousse chemin pour ne pas faire attendre trop longtemps François. Pour arriver là, nous nous sommes bien mouillés. Le froid n’en est que plus pénétrant. En le rejoignant, une odeur de souffre me titille les narines. Je trouve François bien au chaud sous son poncho « Annette » avec une bougie en guise de chauffage. Je range le matériel est nous remontons tranquillement car les sacs se font plus lourds.

Nous n’avons relevé aucun changement de débit ni de niveau au cours de notre visite. Il nous reste plus qu’à attendre l’hiver prochain pour aller récupérer les sondes et espérer qu’elles aient bien fonctionné.