Eric DUCROS et Philippe BERTOCHIO
Qui l’eut cru ? Après plus de trois cents visites dans ce fameux puits des Bans, je découvre des galeries que je n’avais pas encore parcourues. Ne nous méprenons pas, il ne s’agit pas de première. Il y a longtemps que Marc CASALI m’avait indiqué cette galerie argileuse qui se poursuivait par des coulées de calcite. J’avais eu l’occasion de vérifier régulièrement la hauteur de la flaque qui siphonne une bonne partie de l’année et qui ferme l’accès à ce réseau. Un jour, je m’y étais engagé sur une dizaine de mètres. Seul et sans matériel pour relever la topographie, cela n’avait guère d’intérêt. Aussi, j’avais rebroussé chemin. Depuis quelques années, le projet restait dans un petit coin de mon crâne, dans la case : à faire.
Ce lundi, Eric se propose de faire un tour en spéléo pour son premier jour de congés. Il me laisse libre de choisir l’objectif. C’est tout choisi. Nous partons tester la pompe de cale dans cette flaque et réaliser les relevés topographiques. A 12 heures dans la cavité, nous tirons une dizaine de mètres de tuyau polyéthylène de 32 pour réaliser le pompage et amorcer une siphonnage. La pompe se révèle trop faible pour la hauteur d’eau. Elle nous servira tout de même à remplir le tuyau et l’amorcer. La vidange est rapide. Nous traverserons à pieds secs à notre retour.
Tout en relevant la topographie, nous découvrons ce petit bijou de galerie parcourue par un courant d’air soufflant très net. D’abord très argileux, le sol laisse place à de grosses coulées de calcite blanche. On dirait un petit puits des Bans. Nous montons régulièrement et enchaînons les visées. Les dimensions sont toujours à peu près les mêmes : trois mètres de largeur pour un mètre cinquante de haut ; même si ponctuellement, quelques rétrécissements nous obligent des reptations. Je commence à saturer côté topo quand nous arrivons dans une salle noire de plafond et aux formes peu communes dans cette cavité. Le plafond, une strate de conglomérat, plonge littéralement à contre-sens de la faille et semble fermer la galerie. Il est couvert de petites fistuleuses. Un gros talus de marne sur la gauche nous laisse perplexe. La galerie se poursuit en face mais rapidement pince sur un remplissage de calcite. Nous avons perdu le courant d’air. De retour, nous le retrouverons s’échappant de deux petits laminoirs d’où les mises en charge semblent aussi arriver.
En bilan : 155 mètres de topographie relevés pour une dénivellation de 33 mètres. La cote atteinte de +13 en fait le point le plus haut du puits des Bans. Il grandit donc ce jour de deux mètres. Il nous restera une séance topo supplémentaire pour les deux boyaux à courant d’air et peut-être quelques séances de désobstruction pour en savoir un peu plus…