Du 2 au 5 juin, notre famille avait décidé de faire une pause en Ardèche. A cette occasion, j’optais pour de la plongée à Bourg st-Andéol et à Lablachère.
Dès le jeudi après-midi, je passe à Bourg St-Andéol voir les niveaux d’eau et conditions de plongée. Je tombe sur un stage de l’EFPS où Moogli passe son initiateur. Surprise : dans le goul du Pont, mon objectif pour une profonde, un scooter (à deux roues) gît au fond de la vasque. La surface de l’eau laisse apparaître les traces irisées des hydrocarbures.
Je commence les portages pour avancer le matériel sur le bord de la vasque. Cela me permet d’attendre le retour de la première palanquée pour avoir des nouvelles de la visibilité. Dès la tête hors de l’eau, ils m’encouragent à ne pas me mettre à l’eau. Ils n’auront pas besoin d’insister pour que j’abandonne mes projets. Les plongeurs sont entièrement recouverts d’une fine couche d’huile moteur qui rend les instruments et le masque inutilisables. Le risque de voir mes recycleurs couverts d’huile et surtout les caoutchoucs attaqués par les hydrocarbures ne me tente pas. Je ramène donc tout le matériel à la voiture…
Le lendemain, nous visitons en famille l’aven d’Orgnac et son musée de la préhistoire. Ce n’est pas de la plongée spéléo mais c’est toujours aussi beau. Je vous conseille vivement le musée qui est très bien aménagé. Mais ne prenez pas avec vous une petite de deux ans qui vous fait faire la visite au pas de course. J’ai dû voir un tiers de la collection et encore en visite flash !
Enfin vient le samedi où j’ai rendez-vous avec Jean-Pierre et Cath. Baudu pour une plongée du siphon amont du Reméjadou. Le portage du matériel jusqu’à l’entrée de la cavité est une belle promenade sur un sentier ombragé entre les lapiez brûlants. L’aven lui-même est un puits de 26 mètres qui donne directement sur le départ des siphons amont et aval. Jean-Pierre prépare un balancier au-dessus du vide pendant que nous approchons les charges du trou. En une heure, tout est au fond soit une bonne vingtaine de sacs pour trois plongeurs. Jean-Pierre plonge avec son double SCR, Cath en SCR simple et moi avec mes deux CCR. Nous avons plusieurs objectifs : faire des images en conditions de visibilité médiocre et revoir les étroitures au fond du puits pour évaluer la possibilité de passer.
Après une longue séance de préparation, nous sommes dans l’eau. Pas de départ de fil. Jean-Pierre part devant pour équiper mais me passe le relais à – 9 mètres pour pouvoir faire des images. Touret dans la main, je me laisse glisser dans le puits qui doit nous conduire direct à – 50 mètres. C’est une grande faille très obscure, même glauque. Recouvertes de calcite en phase d’érosion avancée, les parois se détachent à notre passage en générant de petites avalanches de boues noires qui créent des rideaux opaques par palier. A cela, s’ajoute des lambeaux de vieux fils accrochés à des branches. Ambiance vraiment sordide…
Je n’insiste pas trop sur les caouèch pour laisser un peu de visibilité à mes deux comparses. De toutes façons, dans ce puits, ce n’est pas vraiment nécessaire. Je trouve tout de même quelques stalactites pour assurer un minimum. En bas du puits, la galerie part à l’horizontale dans la faille avec des conditions bien meilleures ce qui me permet d’équiper proprement. Mais la première étroiture est déjà là pour nous stopper. Il s’agit d’un grand talus remontant de gros galets. J’en dégage quelques-uns pour voir mais l’avalanche est immédiate. Je passe la tête pour voir la suite. Dix mètres plus loin, un second passage étroit apparaît. Ce coin est vraiment un piège. Nos grosses configurations ne nous permettent pas de passer. Il faudrait être équipé à l’anglaise. Même si nous ouvrons le premier passage, celui-ci risque fort de se refermer lorsqu’il va falloir ouvrir le suivant pour se retrouver piégé entre les deux. Pas engageant !!!
Jean-Pierre me tire sur l’épaule pour jeter un coup d’oeil à son tour. Sa moue et son signe de demi-tour me confirme ma première impression. Ça ne vaut pas le coup. Au retour, je récupère le fil ce qui me fait faire une décompression sans trop attendre au paliers puisque je suis occupé à ranger. Il ne sert à rien de laisser un fil dans un siphon pareil où il faudrait reprendre l’équipement en commençant par un grand ménage et poser une corde dans le puits car les crues sembles violentes. Conseil pour les suivants : prévoir un bidon-glouton. En surface, nous rangeons le matériel et l’attachons pour éviter de le voir emporté par une montée des eaux. Nous avons décidé de laisser le matériel pour la nuit afin de plonger le siphon amont le lendemain. Et comme la météo n’est des plus certaine, nous assurons.
Soirée grillade et whisky pour certains. Ils le regretteront le matin.
Petite mine pour tout le monde au réveil… Personnellement, j’abandonne l’idée d’une plongée. Le climat « pluie-chaleur » a eu raison de mes sinus qui me titillent. Ce n’est pas sérieux de s’engager dans une siphon en yoyo. Je commence les balanciers pour remonter mon matos pendant que Jean-Pierre et Cath se préparent et plongent. J’aurai juste fini de sortir mes charges qu’ils sortent de l’eau. Petite plongée, le coeur n’y était pas. Nous enchaînons donc avec leurs sacs. Évidemment, nous nous demandons pourquoi nous n’avons pas prévu de treuil en sentant la corde nous brûler, peu à peu, les mains.
Les va et vient aux voitures sont rapides et il est déjà l’heure de se dire au revoir pour un voyage retour maison. Mais promis, je reviendrai faire ce siphon amont…