Participants : Céline Broggi, Christophe Boulangeat, François Parrini, Marc Petiteau
Les photos sont de Christophe Boulangeat.
Samedi 30 juillet 2016
Dès le printemps 2016, Philippe Bertochio lance au club l’idée de participer durant l’été au camp organisé depuis 2012 par le CDS du Jura au gouffre Berger sur le plateau de Sornin – commune d’Engins dans le Vercors.
La notoriété de cette cavité mythique (le premier – 1000 de l’histoire de la spéléologie) pousse à la réflexion, tout en étant un peu effrayant par certains cotés. Mais la décision de nous inscrire ne tarde pas, et c’était souhaitable, les places sur le planning de l’organisation étant limitées. Finalement l’organisateur nous propose de venir la veille du premier jour de ce camp qui se déroule du 1er au 20 août 2016.
Le récit de la découverte en 1953 de cette cavité par une bande de spéléologues aventuriers a fait l’objet d’un livre écrit par les découvreurs “Opération – 1000”, livre de chevet indispensable pour se mettre dans l’ambiance avant le grand saut. C’est en effet en recherchant l’origine de la rivière du Germe qui sort aux Cuves de Sassenage que l’équipe de spéléologues a découvert ce gouffre sur les plateaux du Vercors, non loin d’Autrans. Joseph Berger, un jeune de la bande, donnera son nom à ce gouffre qui deviendra au fil des expéditions successives, le must de ce qui se faisait à l’époque, et probablement encore dans le top 10 des plus belle cavités souterraines du moment.
La cote – 903 m a été atteinte en 1954 et le terminus à – 1122 m (siphon) en 1956. Par la suite, de nombreuses expéditions ont permis de découvrir de nouvelles entrées et de plonger plusieurs siphons ce qui porte aujourd’hui la profondeur du réseau Berger entre – 1198 et – 1270 m suivant le point d’entrée amont.
Mais ceci étant une autre affaire, revenons à notre récit, plus modestement.
C’est par une journée radieuse de fin juillet 2016 que nous rejoignons le camping de Méaudre, point de ralliement du QG de l’organisation. Des mesures de sécurité particulières nous imposent de nous enregistrer lors de notre arrivée en précisant notre heure de départ prévue pour le Berger, notre objectif de profondeur et l’heure prévisible de retour. Cet enregistrement devra également être reproduit sur un cahier spécialement prévu à l’entrée du gouffre, ainsi qu’à la sortie.
La météo pour le samedi 30 juillet était bonne, mais avec un risque d’orage pour le lendemain. Finalement le hasard aura donc bien fait les choses, nous pouvons aller tranquillement dans la cavité sur la journée, sans risque (en théorie) de montée d’eau, ce qui est rassurant.
Entrée du gouffre Berger
La première partie jusqu’à – 230 m est technique avec un profil enchaînant les verticales dont les superbes puits Aldo et Gaby, sans écoulement le jour de notre visite, une chance. Les puits s’enchaînent bien mais le passage du méandre nous vaudra quelques coups de chaud, sauf pour Céline qui est très en forme ! (ça glisse et c’est lisse, on est pas habitué avec le Dévoluy !)
Puis s’en suit la grande galerie et là… émerveillement ! Les dimensions de la grande galerie sont tout simplement impressionnantes. On ne peut s’empêcher d’avoir à ce moment une pensée pour les découvreurs lorsqu’ils ont foulé ce lieu la première fois, eux qui cherchaient la jonction avec les étroitures des Cuves de Sassenage. Quelle surprise ça du être !
Du coup, pas la peine de demander à Christophe de faire des photos, il était déjà en place à donner les consignes de placement et d’éclairage ! On a donc pris le temps nécessaire à l’observation et à la contemplation, c’est tout simplement magique.
Salle des Treize (- 500 m)
du coté de la Salle Germain
le Vestiaire – entrée des Coufinades – 640 m
C’est en avançant de merveilles en merveilles que nous rejoignons notre objectif à – 640 m à l’entrée des Coufinades. Le groupe de Catalans qui nous précédait faisait chauffer la popotte histoire de reprendre des forces. Faut dire que leur objectif c’était d’aller au fond, puis de ressortir de la cavité vers 2 heures du matin le lendemain dimanche (entrée le matin dans la cavité vers 10 heures…) pour reprendre directement la route pour Barcelone, car faut bosser lundi matin ! Respect.
Nous resterons plus modestes en nous satisfaisant de cet objectif déjà fantastique, surtout qu’il faut envisager le retour et le transport de déchets. Et oui ! car il y a une raison au fait que l’ensemble de la cavité soit équipée. C’est le nettoyage du gouffre Berger lancé par le CDS du Jura !
En effet cette cavité mythique attire chaque année des centaines de spéléologues de tous horizons et de toutes nationalités et au fil du temps depuis les premières expéditions, des centaines de kilos de détritus en tout genre se sont accumulées. Toute une stratégie de collecte et de rassemblement de ces détritus a été mise en place avec différents points de collecte… et de chargement !
Le principe est très simple, on profite des équipements pour progresser et au retour, chacun rapporte ce qu’il peut ! On trouve de tout, des vieilles boites de conserve toutes rouillées, des morceaux de vieilles chaussures, de vieux matelas, de la ferraille, des vieilles cordes etc. etc . Mais comme nous étions au tout début du camp, les kits spécifiques verts de collecte n’étaient pas disponibles. On se contentera donc du peu de place disponible dans nos kits et d’un vieux seau en plastique trouvé sur place qui nous gonflera un peu pour le passage du méandre soit dit en passant ! …sauf Céline qui passera aussi bien à l’aller qu’au retour ! Je ne sais pas ce qu’elle a mangé ce jour là mais elle est tout simplement impressionnante !!!
Christophe, François, Céline, Marc, à l’entrée des Coufinades (-640 m)
Il faut donc remonter, sans faire la course, histoire de se ménager avant la série des puits d’entrée. Une chance de constater qu’en bas du puits Aldo, l’organisation avait doublé en cordes les plus grandes hauteurs dans la journée, nous évitant ainsi de longs moments d’attente. La classe !
Nous rejoindrons un peu plus haut dans notre progression un groupe dont un des membres a eu un gros coup de mou. Une pose, une bonne soupe et il repartira.
Finalement nous sortirons vers 22 heures, soit 12 heures environ après notre départ. Mais le plus dur restera encore l’heure de marche pour rejoindre la voiture ! L’orage éclatera sur la route du camping, on a eu de la chance, même si la tente a pris un peu l’eau, c’était le dernier de mes soucis.
En conclusion, je dirai que c’est certainement la plus belle sortie que j’ai faite dans ma petite vie de spéléologue. On s’est vraiment régalé, sans se mettre sur le toit, du pur bonheur.
Un grand merci à Rémi Limagne et à son organisation pour nous avoir permis de venir, et à mes coéquipiers pour ce grand moment. Et maintenant je ne peux que rêver de revenir, et qui sait, d’aller voir la suite ??? un jour peut être.